La running ne passera pas !

Grace KellyAutant le dire tout de suite, on va encore passer pour des réacs. Mais merde, la trahison est trop forte. Voilà des années que les français rient dans les pubs de la City ou les bars de Wall Street en voyant leurs collègues, impeccables de jour, s’affubler de ridicules running shoes en sortant du boulot, tout en gardant leur costume. Des années que nous tentons de comprendre ce fléau anglo-saxon, de le combattre, et de retrouver foi en l’homme. Car s’il est capable de ce crime, Dieu seul sait quelles autres horreurs peuvent se cacher au fond de son esprit malade.

La partie semblait bien engagée. Le tout casual perdait du terrain face au retour d’une génération d’élégants bien décidés à ne rien céder dans la grande bataille opposant les costumes, entoilés ou pas, aux joggings de supermarché. Mais cet état de fait ne pouvait durer toujours. Comme d’habitude, la trahison vint de l’intérieur. Des plus hautes maisons de couture française plus exactement. Le fleuron même du chic à la française s’avisa de balancer des baskets dans les défilés haute couture. C’était en début de semaine, et ca faisait mal aux yeux.

Voila donc que Dior et Chanel, les deux maisons les plus emblématiques de Paris, s’avisent de céder aux sirènes du « tout confort » à l’américaine. Et le tout pour leurs défilés Haute Couture. C’est-à-dire leur vitrine, l’inaccessible absolu censé faire rêver des générations d’élégantes… Au-delà du foutage de gueule complet que représente le fait de vendre des robes sportswear avec baskets à ce prix-là, l’acte pose la questions de la définition de la Haute Couture. S’agit-il uniquement désormais de proposer des vêtements de tous les jours, mais plus cher ? Il ne s’agirait après tout qu’une évolution logique, suivant la lente décrépitude de la notion même de « luxe ».

Il est d’ailleurs possible que le déficit chronique touchant les départements haute couture de nos plus vénérables maisons ne soit pas pour rien dans cette rationalisation des produits. Il faut plaire aux clientes, qui vivent désormais à l’américaine dans de grands appartements à Dubaï. Moins de rêve, plus de pétrodollars. Il ne reste plus à esperer que cette évolution de la mode féminine ne trouve pas son miroir chez les hommes, et que les grandes maisons de Bespoke n’aient jamais l’idée farfelue d’imiter Karl Lagerfeld et Raf Simons.

Mettons les choses au point : nous n’avons rien contre le sportswear, bien au contraire. Nous portons des baskets et possédons un hoodie fétiche, comme tout le monde. Mais il s’agit, encore une fois, de choisir ses moments. De s’adapter à la situation. La basket running a ruiné les années 90 en s’imposant comme la chaussure absolue à porter avec toute tenue. Ne la laissons pas revenir sur le devant de la scène. Comme son nom l’indique, celle-ci est faite pour courir. D’autres sneakers sont bien plus adaptés à la ville, qu’il s’agisse de petites chaussures en toile style Converse et consorts, ou de la Blazer de chez Nike, pour un chouette effet vintage, et un look à la Marty McFly.

Sur ce, et après ce coup de gueule venu du plus profond de nos petits cœurs inquiets, nous vous souhaitons un excellent week-end, et partons fêter nos 3000 likes sur facebook et 4000 followers sur twitter, deux caps passés cette semaine. 2014 ne sera pas l’année de la running. No pasaran.

F.McKenzie

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