"Return of the rude boy", de Kingston à Savile Row...

Rude boy Somerset House

Exposition "Return of the rude boy":

Style et beauté des quartiers pauvres de Kingston à Savile Row.

Avec les tribus et autres sous-genres de la musique et de la mode qui vont et viennent aussi vite que des vagues sur un rivage, il est parfois facile de manquer certaines des influences omniprésentes qui continuent pourtant de façonner notre environnement. Les Rude Boys, nés en 1950 à Kingston, capitale de la Jamaïque, ont peut-être disparus de notre vie quotidienne depuis le mouvement Two Tone Ska du début des années 80 mais leur influence se poursuit au sein de la mode et de la musique. A Londres, la Somerset house leur rend hommage au cours d’une exposition estivale particulièrement attendue.

La touche

Avant d’en ouvrir les portes, et d’entrer dans la scénographie créée par le photographe Dean Chalkley et le directeur artistique Harriss Elliott, un peu d'histoire : Au début des années 50, les quartiers pauvres de Kingston voient émerger une sous-culture de jeunes gens habillé en costume, portant des cravates fines, des chapeaux « Trilby » ou « pork pie », inspirés par une culture jazz à l’américaine. Les soirées dans les « Dance halls » de la ville se multiplient, mais se terminent aussi souvent par des bagarres.

Individualism

Un parfum de danger suit les Rude boys, et s’installe avec eux en Angleterre à la fin des années 70, alors que les années ska battent leur plein, et que leur style se mêle désormais à celui des skinheads. Two Tone records, the Specials ou encore the English Beat sont alors le son du mécontentement populaire dans la Grande Bretagne de Thatcher. Et le style des Rude Boys se retrouvent à chaque coin de rue, comme un doigt d’honneur enervé à la dame de fer. Et puis, les modes passant, ils semblent disparaitre, et s’effacer progressivement. Mais en réalité, leur influence reste bien présente. Dans les musiques qui apparaissent à la fin des années 80 et dans les années 90, on retrouve la marque des Rude Boys dans le Ragga, la Drum and Bass, le style Uk Garage, la Grime ou encore le Dubstep. Et dans la rue, comment ne pas voir en partie leur héritage dans le renouveau sartorial des nouveaux Dandys londoniens, de Shoreditch à Savile Row.

Girl in menswear

Et nous revoici donc à Londres en 2014 pour célébrer le retour des Rude Boys. Et quel retour ! La scénographie est délibérément épurée pour permettre à l'esprit de plonger profondément dans l’univers décliné par chaque photographie. Nous sommes encouragés à nous promener d'une pièce à l'autre, puis à revenir pour un dernier regard. Parfois, perdu dans la contemplation, parfois animé. Installés dans des malles de transport, certains portraits sont un hommage subtil à ceux dont le voyage a façonné la personnalité. Plusieurs des visages présentés sont d’ailleurs familiers, La Touche, Martell Campbell, Don Letts, Jason Jules, Pauline Black, et Ayishat Akanbi entre autres. Mais ce qui transparait au-delà de la familiarité est la capacité innée à se différencier au travers d’une attitude et d’un style qui retiennent notre attention.

Rude Boy Jamaique

Les Rude Boys sont donc de retour. Et nous devrions applaudir ! Non seulement parce que cette exposition est particulièrement réussie, mais parce que le mouvement Rude Boy montre une possibilité pour toutes les classes sociales de se soucier de leur apparence, non par futilité, mais pour se créer une place et un style dans un monde de corporatismes et de grandes marques omniprésentes. Une volonté de vivre en dehors des défis triviaux de la vie quotidienne, que ce soit la pauvreté des années 50 à Kingston, la dislocation impitoyable de la société anglaise dans les années thatchériennes, ou les inégalités de la reprise sous Cameron. Le chapeau « Trilby » redeviendra-t-il bientôt le signe d’un appel à changer la société ? Quoi qu’il en soit, chapeau bas pour ces Rude Boys du vingt et unième siècle, et bravo à la Somerset House.

Style Londres

Anna Dilphy, blogueuse invitée pour Monsieur London.

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