Jean-Paul Belmondo, l'homme le plus classe du monde #11

En voila un qui n’a pas volé sa place dans notre listes des hommes les plus classes du monde. Il aurait même pu prétendre à y entrer plus tôt, mais nous préférions attendre une bonne occasion. Là voici toute trouvée : Jean Paul Belmondo fête aujourd’hui ses 80 ans, le visage bronzé et le regard narquois, comme toujours, malgré le poids des années et l’attaque cérébrale qui a failli le terrasser en 2001. Mais peut-on vraiment abattre Bebel ? Les grands héros ont la peau dure.

Comme beaucoup de grands, Belmondo a commencé au théâtre, (dans Médée de Jean Anouilh), et s’est fait connaitre au cinéma, (dans A bout de souffle, de Jean Luc Godard). Mais comme peu d’entre eux, c’est sa gueule qui lui a attiré la sympathie du public, après lui avoir valu le mépris de ses professeurs d’art dramatique. A la suite d’immenses acteurs de la trempe de Michel Simon ou encore de Lino Ventura, Belmondo a apporté son expression faciale inimitable au service de son jeu d’acteur, pour notre plus grand plaisir.  

Inoubliable dans ses premiers grands rôles, chez Godard notamment avec à bout de souffle et Pierrot le fou, il incarne alors une certaine image du jeune français des années 60, portant cravate et parfois chapeau, appelé à passer à la postérité par le succès de ces films dans le monde entier.  Il suffit de regarder aujourd’hui des films plus récents comme « dreamers » de Bertolucci, pour voir la persistance dans l’imaginaire collectif de cet image du jeune francais, incarné la aussi par un acteur à « gueule », Louis Garrel.

Bohème révolté et gouailleur, Belmondo représente en ces années 60 la désinvolture de l’élégance française. Son alter ego s’appelle alors Alain Delon, l’autre jeune premier du moment, à qui tout semble l’opposer. Malgré ses allures de loubard, Belmondo vient d’un milieu bourgeois, son père est un sculpteur respecté et il a grandi à Neuilly. Delon lui, avec ses airs de premiers de la classe et son visage de statue grecque, s’en revient de Dien Bien Phu, qu’il a fait comme engagé volontaire après avoir quitté sa famille à 17 ans. Leur rivalité va défrayer la chronique people pendant plus de vingt ans.

Pourtant, les deux hommes apparaissent à l’affiche ensemble en 1970 dans Borsalino, film de gangsters à la française,  racontant l’ascencion de deux voyous marseillais fortement inspirés par les grandes figures du milieu des années 30, Carbone et Spirito. Un film aux costumes à faire rêver, avec vestons, chapeaux vestes à rayures et casquettes en laine à tous les plans. Hélas, le film dont Delon est à la fois producteur et acteur brouille pour une longue période les deux comédiens. Les affaires ne vont pas toujours bien avec l’amitié. C’est pourtant un succès immense, servi par une musique géniale et des scènes d’action pétaradante.

C’est à partir de ce film que Belmondo va se lancer dans une série de productions à succès, peu acclamés par la critique, mais qui finissent de bâtir la légende de l’homme au blouson de cuir, sans peur et sans reproches (ou très peu). Image dont il se moquera lui-même dans Le magnifique, mise en abime du héros de cinéma par son créateur, et qui atteindra son paroxysme en 1981, dans Le professionnel. Belmondo est dès lors consacré pour l’éternité comme un semi voyou à la morale douteuse mais à l’honneur impeccable, héros abimé à la gueule cassé, décimant ses ennemis au magnum et les femmes à l’humour. Un inspecteur Harry qui ne se prendrait pas au sérieux, un James Bond sans son visage propret, emmerdeur, empêcheur de tourner en rond, ironique et flamboyant. Un français quoi.  

 

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