Petit guide en 9 étapes de la tenue de bureau.

Cravate Monsieur LondonIl va falloir s'y faire, c’est beau la garrigue le soir. Mais toutes les bonnes canicules ont une fin, il faut se résoudre à ranger son short et ses espadrilles. Winter is coming, comme chaque année... Cependant, comme à toute chose malheur est bon, les élégants vont pouvoir se consoler en pensant à leurs tenues d’automne. C’est déjà ça. Voici donc un petit guide en 9 étapes pour briller au bureau, sans faire tout de même de l’ombre à Boulard, le chef d’équipe aux cravates roses pales très fier de ses chaussures qui couinent.

  1. Déterminer le niveau d’habillement.

L’élégance, c’est comme le langage, il y a des niveaux. On n’utilise pas d’argot lorsqu’on est présenté au nonce apostolique, et rarement un langage soutenu pour aller faire les vendanges. En entreprise, c’est un peu la même chose, il y a des codes, et il faut rester dans la norme. Pas au-dessus, en choisissant des tenues plus habillées que les autres, et pas en dessous, en débarquant en jogging en réunion commerciale. Par-dessus tout, il faut veiller dans notre pays rempli de fétichisme hiérarchique à ne pas donner l’impression à nos supérieurs qu’on les snobe en mettant un costume trois pièces lorsqu’eux même sont en deux pièces et sans cravate. Pour autant, ne pas s’habiller plus ne veut pas dire ne pas s’habiller mieux. Vous pouvez faire preuve de plus de gout, de subtilité dans vos choix vestimentaires, et d’un sens du détail dans la sélection des pièces, sans donner l’impression de crier sur le toit que votre supérieur est un plouc. Soyez fins.

Cravate en grenadine rouge

  1. Choisir sa chemise

Pour ne pas se planter, le blanc et le bleu restent les meilleures solutions, et l’uni, une quasi obligation. Au moins pour les juniors. Laissez donc tomber pour quelques temps les carreaux et les couleurs. Personne ne souhaite connaitre votre côté fantaisiste alors qu’on vous a confié un rapport à écrire sur les bonnes pratiques à observer dans la banque de détail sur la côte Est du Japon. Les milieux un peu habitués au port du costumes pourront permettre rapidement l’apparition de rayures, mais discrètes. Exit donc l’association avec un col blanc, on ne joue pas un mauvais remake de Wall Street, gardez vos instincts carnassiers pour vous et filez en salle de marché jeune chenapan. Le col restera lui aussi classique. On évite donc les cols boutonnés avec un costume, et les cols trop fins avec une cravate. Dans le doute, foncez chez Office Artist ou Hast pour un produit de belle qualité en prêt à porter ou même Oscar et Swann pour du sur mesure à prix doux. Les poignets mousquetaires passent quant à elle partout, une bonne raison pour se permettre les boutons de manchette, même avec une tenue plus décontractée.

Cravate en grenadine bleu

  1. Accorder sa cravate

Il règne à Paris une petite crainte de la cravate de couleur. Pas de quoi pourtant fouetter un tailleur. Un modèle en grenadine bordeaux sera par exemple toujours un bon choix, tout autant que le bleu marine ou le vert par exemple. Vous pouvez ainsi trouver quelques exemples sur la page cravates de Monsieur London. Et c’est pareil pour les motifs sobres, type cachemire ou pois blancs très fins. La cravate mickey par contre peut rester dans le placard. Côté matière, on privilégiera la soie ou les mélanges soie laine, plus habillés que des modèles tout laine, un peu plus décontractés. Et pour ce qui est du tricot, de soie ou de laine, il passera peut-être un peu mal dans les métiers les plus guindés, mais parfaitement dans des boulots commerciaux ou créatifs. A éviter absolument : les cravates en soie uni, flashy à souhait, et peu seyantes dans le cadre d’un bureau.

  1. Quel type de costume ?

Là encore, il s’agit de ne pas se planter. On ne s’habille pas en sénateur pour aller bosser dans un cabinet de conseil. Des coupes simples, des couleurs neutres. Du gris sombre, de l’anthracite, du bleu marine. En tout cas pour la finance, la banque et le conseil. Un motif prince de galles pour les plus à l’aise, voire un chino beige et une veste sport pour les emplois plus détendus. Mais si vous devez porter un costume, évitez le noir, et les motifs trop osés. Attention aussi à la veste croisée et au costume trois pièce si vous êtes un peu jeune, vous pouvez risquer le ridicule.

Quelles chaussures avec un costume

  1. Les chaussures à sélectionner

« No brown in town », dit le vieil adage de la City, apprenant vite aux petits nouveaux que quand on parle gros sous, on porte des souliers noirs. Mais Paris n’est pas Londres, et une paire de chaussures en cuir marron sera généralement autant acceptée qu’une paire en cuir noir. Encore faut-il faire attention aux formes. On privilégiera ainsi toujours une paire de richelieu ou de derby : des chaussures élégantes, simples, et lacées, qui vont avec tout pourvu qu’elles soient bien faites. Loding propose des entrées de gamme convenable, Septième largeur et Justin Fitzpatrick des produits un peu plus raffinés, et pour les plus connaisseurs, et ceux qui ont des portefeuilles mieux fournis, l’Europe regorge de bottiers incroyables, de John Lobb à Laszlo Vass en passant par Pierre Corthay. Là encore, attention aux excentricités : une paire de mocassins en cuir sombre passera très bien dans la plupart des cas, des mocassins à pampille en daim vert, certainement moins. Même chose pour les patines bleu, mauve ou jaune, pas besoin d’avoir le drapeau de la Jamaïque sur vos souliers. Enfin, pensez bien à accorder les couleurs : costume bleu, chaussures noires ou marron, costume gris sombre ou anthracite, chaussures noires.

Boutons de manchette noeud

  1. Attention aux petits accessoires

La pince à cravate, c’est rigolo pour faire le hipster, mais ce n’est pas fou au bureau. Vous avez bien assimilé Mad Men, mais on va rester sobre et se concentrer sur son tableur Excel. Attention aussi au portefeuille. Vos collègues vous proposent pour la première fois de sortir déjeuner ? Sortir un vieux modèle en nylon datant de vos années skateur risque de faire sourire au moment de l’addition. Préférez un petit modèle élégant, pas trop flambeur non plus, dans un cuir de qualité. RSVP Paris en fait des superbes, pour des prix très doux vu la gamme de produit. Et pour ceux qui recherchent la modularité et un produit hyper pratique, jetez un coup d’œil chez Apto. Pour les chaussettes, on évitera l’imprimé gros minet, pour privilégier des choses unies, voire un peu chinées pour les plus aventureux. Bleu marine, gris, rouge, vert, c’est le moment de mettre un peu de couleur, sans trop en faire non plus. Un petit rappel de la cravate ou de la pochette peut être amusant. Et pour la ceinture, toujours assortie aux chaussures, et sans fioritures sur la boucle. Un cuir embossé ou exotique pourquoi pas, si ça reste dans les limites de l’élégant. On évitera donc le croco vert fluo, il n’y a pas marqué carnaval de Rio sur votre badge, vous bossez toujours dans le conseil.

Monsieur London

  1. Une sacoche de pro

On ne trimballe pas ses affaires dans son vieux sac à dos couvert de patchs de Metallica pour se rendre au bureau. L’idéal est une sacoche, en toile ou en cuir, de couleur sombre, donc peu salissante, que vous pourrez transporter avec vous de nombreuses années. Autant opter pour du noir ou du marron, selon ce que vous préférez porter aux pieds. Parmi nos coups de cœur pour un rapport qualité prix de bon aloi : Mismo, Léo et Violette ou Lundi Paris, ce dernier notamment pour la praticité de son compartiment à chemise, idéale pour les déplacements professionnels d’une nuit.

Philippine d'Otreppe

  1. La pochette, arme fatale

On ne le dira jamais assez, la pochette est un accessoire miracle pour apporter une touche de chic à une tenue sobre. A condition toutefois d’y mettre les formes. Il faut ainsi rester subtil dans les rappels de couleur, et proscrire ainsi celles ressemblant exactement à la cravate. Le mieux est de faire un petit rappel avec des couleurs complémentaires, ou d’avoir la couleur de la cravate dans une des couleurs du motif de la pochette. Complexe ? Pas tant que ça. Il suffit de s’y mettre, c’est comme le vélo. A éviter aussi : le double motif. Une pochette unie avec une petite bordure de couleur ira très bien avec une cravate à motif cachemire, et l’inverse sera vraie pour une cravate unie, même texturée. Dans le doute, une pochette sombre avec un motif discret sera toujours parfaite au bureau. Par exemple notre modèle en soie, verte à pois, associé à une cravate en grenadine. La pochette blanche sera bien aussi, mais pliée en carrée, pour ne pas faire trop cérémonie. Nos pochettes en soie blanche à motifs bleu, dessinée par l’illustratrice Philippine d’Otreppe, sont une bonne alternative au modèle uni blanc.

Chapeau

  1. Porter un chapeau ?

I faut bien l’avouer, c’est un peu compliqué si vous n’êtes pas détective. Donc autant être catégorique, le chapeau au bureau avant 45 ans, c’est peut-être un peu too much. Optez plutôt pour un parapluie les jours de pluie. Et gardez votre galurin pour faire le dandy en ville, ou partir en vacances à la campagne. Rien de plus chic qu’un Fedora l’automne pour un week end à la campagne.

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Il va sans dire que tous ces conseils sont à l’adresse de ceux qui par choix pour par gout, portent le costume, au moins pour aller au travail. Pour les créatifs en baskets blanches, c’est un peu plus simple. Heureux hommes ! Mais malgré tout, le cadre permet parfois un peu de créativité, et il faut parfois maîtriser la guitare classique avant de se lancer dans des solos endiablés. Autant donc voir la contrainte comme un exercice de style, et être encore plus créatif le week end venu.

F.McKenzie